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It's all over but the crying
9 mars 2009

You can have it all - The Kaiser Chiefs

Samedi, 11h40.

Je passe le coup de wassingue final. Les cartons sont bouclés, dans le coffre de la voiture.
Je l'ai fait.
6 mois à MTB.
J'ai fini la formation, j'ai dit au revoir à tout le monde (d'ailleurs, on aurait cru ces adieux typiques du Loft 'ouais promis on se revoit à la sortie').
Je me baisse pour ramasser un truc qui a roulé avec la wassingue. Au même moment, mon téléphone fait ce petit bruit reconnaissable du sms.
Je ferme la main sur le truc qui roule, je jette un coup d'oeil distrait au téléphone.
Je lâche tout, d'un coup. Le balai, le téléphone, le truc qui roule. Qui roule encore plus. C'était un chouchou.
Sur le téléphone, je vois miroiter cet assemblage de lettres qui me dit qu'il faut que je me méfie.
En une nano-seconde, mon rythme cardiaque explose, j'ai la tête qui tourne, j'ai surtout très envie de vomir.

Je referme le téléphone. Je ne veux pas lire ce message. Je veux oublier cette petite enveloppe qui se cache dans un coin de l'écran.
Je ramasse le chouchou, je le jette. Je rince la wassingue, juste à temps, la nana de l'agence immobilière vient faire l'état des lieux sortant.

Une demi-heure plus tard, je ferme la porte sur ce qui a été mon "chez-moi" pendant six mois.
Pas de regrets, pas de remords.

J'appelle illico Jérémy. L'enveloppe est toujours là, entêtée, orangée sur mon fond d'écran plutôt indigo.
Papa soupire, les adieux avec Jérémy vont durer 10 plombes et il aimerait attaquer la route direct.

Je retrouve Jérémy devant chez lui, toute tremblante de ce qui m'est arrivé une demi-heure plus tôt. Sa seule parole "Efface-le sans le lire".
Il me serre dans ses bras. Je reste là, complètement tétanisée dans ses bras. S'il n'avait pas été là, j'aurais fini pire qu'Amy Winehouse ou déjà six pieds sous terre.
Je lui dis en rigolant et en essuyant une énorme larme "non, t'inquiète je pleurerai pas". Il me sourit. Il a un sourire dément.
Un sourire qui fait craquer.
Je regarde devant la préfecture, papa est garé, il m'attend.
Je soupire, je regarde Jérémy et on se promet de se retrouver en juin, pour la soutenance.

Je le quitte, toute tremblante, je suis certaine de lui avoir laissé un éclat de mon coeur totalement explosé, tout ce que j'espère c'est qu'il saura en prendre soin (pas comme d'autres).

Je monte dans la voiture, le peu de coeur qui me reste gros, carrément loti dans ma gorge. Je me retoure, il est là-bas, en noir, je le distingue alors que je lève la main pour lui dire au revoir. Il répond à mon geste. Je claque la porte. Je m'en vais.

Avec papa, on fuit vers Albi, on poursuit jusqu'à Millau (patrie des enfants séquestrés) où on pense dormir.
Au final, il est tellement tôt qu'on décide de poursuivre plus au Nord.
Et là, on traverse un truc que je ne m'imaginais jamais traverser : le Massif Central, et plus particulièrement la Lozère.
Je sais pas si c'est une piqure de rappel de l'Ecosse, je sais pas si c'est l'heure et la lumière (entre chien et loup), ou les grosses congères de neige glacée qui couvrent les champs, mais c'est magnifique.
C'est un peu aussi l'exaltation de la découverte, le nouveau et le retour à la maison.
Depuis la portière, la petite enveloppe orange me nargue toujours.

A un moment, sorti de nul part, un magnifique viaduc très "Eiffel" et illuminé avec d'énormes spots (orange, on ne se refait pas). Je sors de la voiture (on s'était arrêtés hein, jsuis pas encore une kamikaze), et je prends des photos avec mon fidèle Nokia.
Je prends des photos, l'enveloppe est toujours là, même quand je prends les photos.
C'est pas possible.

Au final, on s'arrête aux alentours de Clermont-Ferrand.
J'essaye de faire la liste de tous les départements qu'on a traversés jusque là : Tarn-et-Garonne, Tarn, Aveyron, Lozère, Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme.

Je m'endors devant les "Tudor" (ça ne s'invente pas non plus, ça se vit !), l'enveloppe toujours bien cachetée dans mon téléphone.

Le lendemain matin, la route est à nous, on continue à remonter la France : Allier, Cher, Loir et Cher, Loiret, Essonne, Paris extra-muros-périph-exterieur, Val de Marne, Seine-Saint-Denis, Oise, Somme, Pas-de-Calais, Nord.
Je l'ai fait, le Elizabethtown, avec mon père à côté.
Tout d'un coup, je vois ma rue.
Tout d'un coup, c'est "ma" maison.

Je fais style de pas être jet-laguée en débarassant la voiture et en rangeant le plus vite possible.
Pendant que papa et maman discutent, je range, je trie, je jette, j'ouvre.
Je suis dans ma chambre.
Trop belle pour être vraie.
La tapisserie de cette couleur que j'adore, ni gris ni mauve. Mes cadres. Mes Matriochka. Mes livres.
Mon bureau, mon lit, ma fenêtre.

Soulagée ? Contente ?
Rien.
Indifférente.
Voilà, une étape validée.
En même temps, retour à la case départ l'air de rien.
A la maison, avec maman.

En rangeant des fringues, j'aperçois un truc qui me glace le sang, punaisé à mon armoire.
Tire Swing (once again). Sur la photo il a un tee-shirt orange (décidément !).
Je regarde la photo.
Je le regarde.
Lui.
Je suis là, dans ma chambre, complètement différente du jour où je suis partie. Je le regarde et je le dis haut et fort : "Mon vieux, t'es un conn ...". Je ne peux pas finir ma phrase.
Encore un sms. Nouvelle enveloppe orange. Benoit et Lucie sont apparemment impatients de me voir.

J'expédie mon rangement et en attendant que Benoit arrive, j'allume mon PC.
Connectée à Internet en un quart de seconde.
C'est carrément inoui, pour moi.

J'ouvre la boite mail.
J'attends que tous les mails que je n'ai pas récupéré depuis 3 semaines tombent.
Je trie (junk maaaaaaaaaaaaaaaaaaail never stooooooooooooooooooooooops) quand tout d'un coup ...
En mail aussi.

Bon.

Je ne sais pas quoi faire.
Je pense à ces points de suture.
Je pense à tout.
A lui, à elle, à moi.
A tout ce que j'ai jeté à la poubelle (bon nombre de rêves et d'envies).
Je ne peux pas maintenant.
Je ne peux pas lire.
Je ne peux pas ouvrir.
Je ne peux pas.
Je crois que je ne veux pas, en fait.

C'est comme ces gens qui me sautent sur le gras parce que je suis rentrée. Et qui me parlent.
Qui me parlent de choses et d'autres sans voir que j'ai mal. Sans voir que plus ils me parlent, plus j'ai la gerbe.
Plus je vais dans une certaine direction plus je me retrouve à faire ça :

Heureusement, de l'autre côté, il a des gens qui rient aux messages que je laisse complètement bourrée sur leur téléphone, qui me font rire, qui m'autorisent à jouer la ligne de basse de "I will possess your heart" sur leur basse, avec qui je sens que faire/avoir fait tous ces sacrifices n'est pas vain.

La routine revient.
Je finis toujours la fin de soirée dans la voiture de Benoît, à discuter et à me dire que, parfois, il arrive qu'on arrive à très bien choisir ses amis.

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Commentaires
L
Mannn =)
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